L’éducation est l’un des piliers du développement d’un pays, parler de l’éducation revient à mettre en place un système politique pérenne répondant aux attentes et surtout conforme aux aspirations de la société demandeur de développement. Pour le cas de Madagascar, la politique adopté pour mettre en place un système éducatif pérenne se base par le plan sectoriel de l’éducation, à mettre en œuvre pour la période de 2018 à 2022. Ce système éducatif a pour vision de mettre en place une éducation de qualité pour tous, garantie du développement durable.
Présentation du PSE
Le plan sectoriel d’éducation PSE s’agit du premier plan développé par l’ensemble du secteur éducatif composé actuellement de trois ministères : le Ministère de l’Education Nationale (MEN) ; le Ministère de l’Emploi, d’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (MEETFP) ; le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESupReS) dont la mise en œuvre a été faite suite à des recommandations du diagnostic du secteur dans le Rapport d’Etat du Système Educatif National (RESEN 2004-2014) publié en février 2016, des résultats de l’enquête dans le cadre des Indicateurs de Prestation de Services (IPS) en 2015 et des résultats de l’évaluation du Plan Intérimaire de l’Education (PIE) en 2016 conduisant ainsi à un appel à des partenariats tels que le don du Partenariat Mondial pour l’Education (PME) et des financements issus des autres Partenaires Techniques et Financiers (PTF) traditionnels. Le plan sectoriel de l’éducation, pour la période 2018-2022, constitue donc l’aboutissement d’un processus participatif dont il reprend les objectifs spécifiques pour ce qui concerne le capital humain :i) se doter d’un système éducatif performant et conforme aux besoins et aux normes internationales, ii) promouvoir et valoriser l’enseignement technique et professionnel et/ou professionnalisant et iii) assurer une formation universitaire répondant aux normes, aux besoins et à l’assurance-qualité. Les enjeux qui en découlent sont doubles : en premier lieu, il va falloir redresser de façon significative le système éducatif, considéré comme catalyseur des objectifs de développement durable ou ODD4[1]; le second enjeu, décisif, consiste à revoir la définition de la structure de scolarisation aux différents niveaux et aux différents types d’études et de formation qui correspondent aux besoins du développement socio économique et culturel du pays.
Bien que le système éducatif malgache ait connu plusieurs réformes, allant du « Fanagasiana » de l’enseignement primaire en passant par les pédagogies par objectifs[2] vers l’approche par les compétences[3] pour ensuite aboutir à l’approche par situation[4], le système éducatif repose sur plusieurs domaines qui méritent une résolution effective et efficace afin de garantir les points d’attention pour une éducation pérenne source de développement réelle à Madagascar.
FONDAMENTAL 1 (PRÉSCOLAIRE ET PRIMAIRE) | FONDAMENTAL 2 (COLLÈGE) | |
Objectifs | Développer progressivement une éducation préscolaire de qualité en favorisant l’accès et l’équité, la qualité et une meilleure gestion du niveau d’enseignement | Mettre en place une éducation fondamentale de 9 ans universelle, obligatoire, gratuite, de qualité et équitable |
Moyens |
|
|
Indicateurs |
|
|
Constats chiffrés |
|
|
Tableau: PSE en bref
Les domaines à prendre en compte
D’un point de vue général, plusieurs facteurs sont à prendre en considération car ils constituent le socle de la réalisation du PSE :
Sur le plan géographique, le territoire est vaste (587 000 km²) et comporte une grande variété de paysages et d’habitats composés de zones urbaines et de nombreuses zones rurales plus ou moins enclavées.
Sur le plan démographique, la population est très diversifiée mais le fait qu’une langue nationale soit parlée dans l’ensemble du pays est un puissant facteur d’unité. La population était estimée à 24,2 millions d’habitants en 2015 et sa croissance est particulièrement élevée (+3 % par an) avec cependant une légère tendance à la baisse de ce taux qui pourrait s’établir à 2,5% en 2030. La population d’âge scolaire (3-24 ans) devrait passer de 12,8 millions en 2015 à 17,6 millions en 2030.
Sur le plan sanitaire, l’insécurité alimentaire et le paludisme représentent une contrainte majeure pour le système éducatif. S’y ajoutent les risques climatiques : cyclones, inondations et sécheresses.
Sur le plan politique, les discordes créent une incertitude qui nuit à la régularité des financements extérieurs mais aussi internes : la crise socio-politique de 2009 a eu un impact considérable sur le PIB/habitant.
Sur le plan économique et budgétaire, la quasi-totalité des dépenses courantes du secteur éducatif repose sur le financement étatique qui dépend en premier lieu des recettes fiscales qui, rapportées au PIB, sont nettement plus faibles que dans les pays à niveau de richesse comparable : 11,4% contre 16,4%. Le fait que l’économie malgache soit dominée par les activités informelles (environ 93%) explique en grande partie la faiblesse des recettes fiscales. Toutefois, malgré la faiblesse des recettes publiques pendant la dernière crise socio-politique, le secteur de l’éducation a vu son niveau de ressources étatiques se maintenir en pourcentage des recettes fiscales.
Une attention particulière devrait être accordée à ces points pour arriver à la réalisation et l’aboutissement du plan sectoriel de l’éducation. Force est de constater que le système éducatif du pays change au gré de l’humeur des dirigeants sans qu’on ne suivre de vision à long terme. Les grandes lignes ne sont pas clairement définies, plusieurs problèmes persistent comme le financement de la gratuité, le problème majeur du manque de performance de l’éducation à Madagascar, sans parler des problèmes récurrents se rapportant au corps enseignant qui se retrouvent à tous les niveaux. La différence de réglementation et le décalage constaté entre les programmes au sein des établissements publics et les établissements privés sont tout aussi considérables alors que rappelons-le l’éducation est un droit fondamental mais aussi un service public.
La performance de l’éducation
- On peut constater que e taux d’achèvement scolaire a connu un recul de six (06) points depuis 2009.
- L’effectif des élèves a stagné malgré le fait qu’il y ait plus de 1,4 Millions d’enfants non scolarisés chaque année.
- Les connaissances en français et mathématiques des élèves se sont gravement détériorés en comparaison avec les autres pays africains francophones.
Source : Rapport PASEC , CONFEMEN, 2015
Durant la pandémie, l’éducation a été mise au ban et les mesures qui ont été prises ont suscité beaucoup de confusion de par leurs incohérence et inadéquation surtout pour les ménages les moins nantis et plus vulnérables à Madagascar.
Concernant le budget de l’éducation à Madagascar
Globalement, le montant du budget dédié à l’Education n’a cessé d’augmenter au fil du temps. Néanmoins lorsqu’on le met en perspective avec le Budget Général de l’Etat, il est passé de 22% en 2014 à 15% en 2018 et moins de 15℅ par rapport au budget total en 2019[5]. Madagascar affiche aujourd’hui le plus faible montant de dépenses d’éducation par élève en Afrique subsaharienne. Ce niveau d’engagement budgétaire est encore insuffisant notamment pour garantir les objectifs prévu par le PSE.
Evolution du budget de l’éducation à Madagascar
Source : graphique établi à partir des données des LFI 2014-2019
Un constat général
On peut donc en déduire que l’éducation constitue un des grands défis si ce n’est le grand défi majeur pour Madagascar notamment sur :
- la qualité de l’éducation: le constat est sans appel, seul un enseignant du primaire sur 1000 maitrise 80% du programme de la classe de huitième avec un niveau de français inférieur à 80 %.
En conséquence, ce sont pas moins de 80,9 % des élèves malgaches ne sont pas capables de lire et de comprendre des textes. - l’accessibilité de l’éducation : De la déclaration des droits humaines à la constitution de Madagascar, plusieurs textes et/ou conventions tant nationales qu’internationales consacrent l’éducation comme étant un droit fondamental et par conséquent, l’Etat se doit de fournir une éducation de qualité à caractère obligatoire et gratuite.
- le financement de l’éducation: de tout ce qui précède, il est primordial que l’Etat fournisse des efforts conséquents et soutenus pour financer le budget de l’éducation nationale et augmenter les dépenses en investissement du secteur éducatif. Dans sa configuration actuelle, l’éducation primaire est celle qui bénéficie le plus du budget public bien que les ménages supportent aussi des frais liés au fonctionnement du service public de l’éducation. Ce sont pour toutes ces raisons liées au budget que le taux de scolarisation stagne et diminue parfois dans certaines zones.
[1] ODD 4 « objectif 4 : Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité ; et promouvoir les possibilités d’apprentissages tout au long de la vie »
[2] 1995-2003: Pédagogie par objectifs (PPO)
[3] 2003 – 2008 : Approche par les compétences (APC), Deux ou trois compétences à acquérir par discipline par les enfants
[4] 2008 – 2014: Approche par situation (APS), approche pédagogique basée sur le traitement de situations problèmes réelles à résoudre.
[5] Unicef, analyse du budget de l’éducation nationale, 2014-2019