Une liberté timide et si bien déguisé

Madagascar promeut, en tant que démocratie, la liberté d’expression et la liberté d’information pour tous ses citoyens. Le document de politique générale de l’Etat, présenté par le premier ministre, a en ce sens fait de la révision de la loi sur la communication médiatisée l’une de ses priorités. La mise en place de l’Agence Nationale de Régulation de la Communication Médiatisée (ANRCM) a également été listée parmi les chantiers prioritaires en la matière. Ce sont là donc les grands points à retenir en ce qui concerne la mise en œuvre de la politique nationale de la communication. Toutefois, le ministère de la communication a décidé d’enclencher la procédure pour l’adoption d’un texte visant à réglementer l’accès aux informations à caractère public. Une initiative allant dans le sens de la liberté d’accès aux informations, mais dont le contenu reste jusqu’à présent flou.

Jusque-là, rien de vraiment anormal et l’on pourrait même dresser un bilan positif en ce qui concerne la mise en œuvre de la politique nationale de la communication. Car en effet, avec ces lois déjà en vigueur et le projet de loi sur l’accessibilité aux informations publiques, qui devrait être soumis au Parlement d’ici la prochaine session ordinaire, Madagascar dispose donc d’un cadre juridique plus ou moins complet. Malheureusement, ce n’est là que la théorie. Car dans la pratique, la politique nationale de la communication n’est pas effective. Le fait est qu’il ne suffit pas de promulguer des lois pour qu’une politique publique est effective. La mise en place de ces règles de droits n’est que le début de la concrétisation de la politique et en l’occurrence de la vision de l’Etat de faire que Madagascar promeut la liberté d’expression et la liberté d’information. Tout au contraire, ces lois promulguées semblent actuellement servir la restriction des libertés par l’Etat. Plusieurs cas ont pu être constaté ces derniers temps, pour ne citer que les nombreuses arrestations faites au cours de l’Etat d’urgence, dont la majorité sont le résultat d’un avis divergent de celui des gouvernants ; d’un partage d’information ou tout simplement d’expression individuelle.

Par ailleurs, le fait que l’ANRCM ne soit pas encore opérationnel aujourd’hui témoigne également du laxisme dans la mise en œuvre de cette politique nationale de la communication. Bien que la mise en place de l’ANRCM aurait dû se faire depuis le précédent régime et donc du temps des anciens responsables du ministère, les responsables actuels ont également décidé de continuer dans cette direction. Pourtant, l’ANRCM devrait résulter de l’application du code de la communication médiatisée. Au chapitre II de cette loi, à partir de l’article 51, l’on énumère les attributions de l’ANRCM, qui rendent cet organe vital pour la liberté d’expression et la liberté d’accès aux informations. Entre autres, l’ANRCM garantie le caractère pluraliste de l’expression des courants de pensée et d’opinion ; promeut la qualité et la diversité des programmes ainsi que le développement de la production et de la création audiovisuelle nationale; – fait respecter les droits de diffusion en matière audiovisuelle ; – facilite les implantations et les relations entre les organes de presse sur tout le territoire afin de maintenir le caractère pluraliste de l’information et de la communication et veille à ce qu’ils ne fassent pas l’objet de concentration. En somme tout ce qui fait la liberté d’expression et d’information.

Par Ny Aina Rahagalala/Refesimandidy

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