Il est un texte assez intéressant, encore disponible sur le site officiel du ministère de l’éducation. Il s’agit de la Loi N° 2008-011 DU 17 JUILLET 2008 modifiant certaines dispositions de la loi n°2004-004 du 26 juillet 2004 portant orientation générale du Système d’Education, d’Enseignement et de Formation à Madagascar[1]. Une loi d’orientation, c’est-à-dire la direction que l’on cherche à donner à ce secteur, qui devrait être de par sa nature, prioritaire. La Loi de 2008 est en résumé celle qui donne les grandes lignes et la vision de Madagascar pour l’Education, avec un grand E. Tout ce qui a trait à l’éducation devrait donc en ce sens prendre source et tenir compte de cette loi d’orientation. Ni plus ni moins. Est-ce le cas ?

« Mise en œuvre des moyens propres à assurer la formation et le développement d’un être humain ; moyens pour y parvenir », c’est en ces termes que l’éducation est définie. Selon la loi d’orientation en son article en son article 03 : « L’Etat s’engage à instaurer un système d’éducation, d’enseignement et de formation capable d’assurer l’épanouissement intellectuel, physique, moral, civique et artistique de chaque individu ». Dans cette logique, c’est ici donc qu’intervient une politique sectorielle pour l’éducation : la politique publique en la matière. A titre de comparaison, la loi d’orientation est à la politique sectorielle ce que la LOLF (Loi Organique portant Loi de Finance) est à chaque loi de finance. Il faut donc comprendre ici la politique sectorielle comme la politique publique et non pas le PSE. Bien que le PSE soit la dernière politique en date actuellement à Madagascar, en matière d’éducation.

Parlons dans ce cas de la politique en matière d’éducation à Madagascar. A titre d’exemple, le PSE dans la Section Education fondamentale – sous-section Education non formelle en parlant de l’éducation à la citoyenneté et au civisme (ECC) :

Cette mission est tout à fait en accord avec ce que cherche à réaliser la politique générale de l’Etat et l’Initiative pour l’Emergence de Madagascar. Celle de faire naitre un sentiment d’appartenance et de fierté chez chaque citoyen malgache.

L’article 14 de la loi d’orientation dispose pour sa part que « l’école, les établissements d’enseignement et de formation, en collaboration et avec la complémentarité des familles et de la société, veillent à inculquer aux enfants, aux adolescents et aux jeunes les sens de la responsabilité et de l’initiative, ainsi que le respect des bonnes mœurs et des règles de bonne conduite. En outre, ils sont appelés à : développer en eux le sens civique et les valeurs de la citoyenneté ; développer la personnalité de l’individu, dans toutes ses dimensions : physique, affective, psychique, mentale et morale, en garantissant le droit à la construction de sa personne de manière à aiguiser son esprit critique et sa volonté. »

Jusque-là, tout est donc assez cohérent et compréhensible. Toutefois, nous n’en sommes là qu’au niveau des textes, et non pas dans la mise en œuvre. Et à ce stade, on assiste à un décrochage au niveau des idées et au niveau de la réalisation. En consultant le plan de mise en œuvre de la politique générale de l’Etat, pour ce qui touche l’Education et l’Enseignement, on constate uniquement une liste d’infrastructures à réaliser. C’est donc dans cette réalisation que ça pêche en ce qui concerne l’éducation.

Dans la pratique, Madagascar ne dispose pas d’actions claire pour traduire en réalité ce que disent les textes. Certes, les infrastructures sont utiles, et sont même la base pour l’épanouissement de l’enfant, de l’apprenant. Des bonnes conditions de travail et un milieu favorable à l’épanouissement sont à la base d’une éducation réussie. Toutefois, s’arrêter aux infrastructures en matière de politique publique, sans mettre en œuvre des actions pour réaliser les visions énumérées précédemment est incompréhensible. Le nombre de nouveaux établissements est-il garant de la réussite d’une Education à Madagascar. Le nombre d’infrastructures est-il l’outil de mesure quand on parle de réussite de l’Education ? Quand les conditions de la majorité des écoles à Madagascar les poussent à déserter les infrastructures déjà existantes, quels sont les impacts de la construction de nouveaux établissements ?

Pour conclure, l’article 15 de la loi d’orientation dispose que « L’école, les établissements d’enseignement et de formation, veillent, dans le cadre de leur fonction d’instruction, à garantir à tous les apprenants, un enseignement et une éducation de qualité qui leur permettent d’acquérir une culture générale et des savoirs théoriques et pratiques, de développer leurs dons et leurs aptitudes à apprendre par eux-mêmes et de s’insérer ainsi dans la société du savoir et du savoir-faire. ». Posons-nous donc la question, où emmène-t-on l’Education ?

[1] http://www.education.gov.mg/ressources/textes-officiels/#

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