“Le plus grand contributeur à la croissance économique ne sont pas les infrastructures physiques mais la force intellectuelle: ce que j’appelle « infrastructure de matière grise”. Des enfants victimes de retard de croissance aujourd’hui amèneront à des économies victimes de retard de croissance. Ensemble, mettons fin au fléau de la malnutrition. Nous avons la capacité de le faire, et les faits sont clairs et nets, il nous faut agir – et agir maintenant. » Akinwumi Adesina, President of the African Development Bank.

Il convient dès le début de définir précisément quelques termes relatifs à notre thème pour éviter une certaine confusion : la nutrition, la malnutrition et la sous alimentation. L’Organisation Mondiale de la Santé ou OMS définit la nutrition comme : « l’apport alimentaire répondant aux besoins de l’organisme. Une bonne nutrition- c’est-à-dire un régime adapté et équilibré- et la pratique régulière d’exercice physique sont autant de gage de bonne santé »[1] L’OMS définit la malnutrition comme : «  les carences, les excès ou les déséquilibres dans l’apport énergétique et/ou nutritionnel d’une personne »  [2]La malnutrition couvre deux groupes d’affection ou est composée de deux catégories : « Le premier est la dénutrition, qui comprend le retard de croissance (faible rapport taille/âge), l’émaciation (faible rapport poids/taille), l’insuffisance pondérale (faible rapport poids/âge) et les carences ou les déficiences en micronutriments (manque de vitamines et de minéraux essentiels). L’autre comprend le surpoids, l’obésité et les maladies non transmissibles liées à l’alimentation (par exemple les cardiopathies, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète et le cancer) »[3]

Le rapport sur la nutrition mondiale de 2018 considère la sous-alimentation [4]comme une des multiples formes de la malnutrition : « Une nutrition inappropriée, due aux manques de nourriture ou d’aliments contenants des substances indispensables à la croissance et à la santé ou à d’autres causes directes ou indirectes »[5]

D’après le rapport annuel d’avancement 2018 du mouvement SUN, 1 personne sur 3 dans le monde souffre d’au moins une des formes de la malnutrition : émaciation, retard de croissance,… Selon toujours le rapport, 821 millions sont sous alimentés et enfin 151 millions de filles et de garçons de moins de 5ans  ont des retards de croissance.

Le cas des enfants est intéressant  car ceux sont les personnes dont les conséquences de la malnutrition sont les plus visibles et où les conséquences sont les plus graves. Les enfants sont également les personnes vulnérables face aux effets de la malnutrition.

En Afrique Subsaharienne, environ 58,7 millions d’enfant de moins de 5 ans ont un retard de croissance de 2000 à 2017, 14 millions ont une émaciation enfin 10 millions ont un surpoids[6]. Des études ont montré que sur 11 pays, la malnutrition coute 1,9% à 16,5% de leur  PIB.[7]

Pour le cas de Madagascar, d’après l’INSTAT et l’UNICEF dans les indicateurs anthropométriques de la nutrition environ 42% des enfants moins de 5ans ont un retard de croissance, 6% sont émaciés, 1% sont atteint de surpoids enfin 26% présente des insuffisances pondérales en 2018.

En juin 2019, lors de la visite du Président de la Banque Africaine de Développement ou BAD Akinwumi Adesina: à Antananarivo ; il a évoqué lors de son discours des efforts de la BAD et de l’ADF à Madagascar comme le projet Sahofika, le futur projet d’irrigation de riz sur le bas du fleuve Mangoky d’autre part le Président de la BAD a cité les effets de la malnutrition qu’il a pu constatés enfin pour terminer il a soutenu que de nombreuses actions sont à faire ou à terminer et de nombreux projets vont être encore réalisés  que ce soit dans le domaine l’électricité, la nutrition ou le transport ou l’agriculture et leur effets à constater sur la population.

En Février 2020, le Président de la BAD a attribué le titre de « Champion pour le combat contre la malnutrition » au Président Andry Rajoelina lors du 33e sommet ordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine à Addis-Adeba en Ethiopie.[8]

La malnutrition des enfants à Madagascar, historique et évolution

D’après le MICS 2000[9], en l’an 2000 environ 49% des enfants moins de 5ans  examinés présentent un retard de croissance ; 26% sont des formes sévères. 14% des enfants sont émaciés dont 5% sont des formes sévères enfin 33% des enfants présentent des insuffisances pondérales dont 11% de manière sévère. Sur le plan international, Madagascar s’est engagé à réaliser les Objectifs mondiaux de Développement ou OMD, la nutrition est discutée par un des OMD notamment le premier objectif : Eliminer l’extrême pauvreté et la faim.

Selon le Madagascar Action Plan ou MAP, en 2005 le taux de malnutrition en général est de 42%. Le Plan National de Développement ou PND estime qu’environ 47,3% des enfants moins de 5 ans en 2012 présentent des malnutritions chroniques dont 32,4%  ont des insuffisances pondérales. Les enquêtes nationales sur le suivi des OMD pour Madagascar constatent le pourcentage des enfants atteints d’insuffisances pondérales et prévoit une diminution en 2015 de 19%. Le rapport annuel de l’Office National de la Nutrition de 2015 précise qu’environ 32% des enfants de moins de 5ans souffre d’une insuffisance pondérale ; Environ 47,3% ont un retard de croissance enfin 8,2% des enfants moins de 5 ans ont une émaciation. Suite à l’irréalisation des OMD, de nouveaux objectifs appelés Objectifs de Développement Durables dit également ODD remplacent les OMD ; Un objectif discute de la nutrition : « Faim Zéro » : « Visant à mettre un terme à la faim et à la malnutrition sur toutes leur forme en 2030[10] » Le rapport national de la priorisation des ODD de 2018 précise que ¼ de la cible est atteinte concernant l’ODD : « Zéro Faim »[11]

Enfin en 2018, l’INSTAT et l’UNICEF offre les dernières statistiques en matière de malnutrition : 42% des enfants moins de 5 ans ont un retard de croissance, 6% sont émaciés, 26% ont une insuffisance pondérale et 1% souffre d’obésité.  Un progrès a été fait si la comparaison est faite par rapport aux statistiques de l’an 2000 du MICS 2000.

Les solutions apportées et proposées par les différents acteurs à Madagascar

La malnutrition a été traité par de nombreux programmes nationaux et internationaux ainsi plusieurs mesures ont été prise pour réduire ce fléau. Les programmes nationaux présidentiels ont en général abordé le cas de la malnutrition, le MAP avait prévu la réduction de la malnutrition à environ 28% en 2012 contre 42% en 2006, Le PND quant à lui constate le taux de malnutrition élevé en 2012 et prévoit en conséquence la lutte contre la malnutrition. L’Initiative pour l’Emergence de Madagascar évoque dans sa politique générale évoque la nutrition comme un garant de l’équilibre social.

Cette prééminence de la lutte contre la malnutrition à travers ces programmes nationaux a engendré une pluralité de projets ou de programmes sur la nutrition.

L’exemple le plus connu et existant dans diverses temporalité est sans doute : Le Plan National d’Action pour la Nutrition ou PNAN. Etalé dans une période définie, le PNAN a, avait ou aurai pour objectif de constater le taux de nutrition et de la situation nutritionnel de la population malgache et de proposer des solutions ou des améliorations et en général d’assurer la réduction de la malnutrition. Jusqu’à présent 3 PNAN ont été créés : le PNAN I de 2005-2009 en Aout 2005, le PNAN II de 2012-2015 enfin  le PNAN III de 2017-2021. L’U-PNNC Seecalina ou le Plan National de Nutrition Communautaire est un programme concret de la réalisation du PNAN: « Le PNNC est la traduction en action concrète de la stratégie n°2 définie dans le PNAN. Il est le fruit d’un processus de capitalisation des acquis et d’harmonisation des démarches existantes, dans le but de renforcer les interventions à base communautaire à travers une stratégie de proximité et d’intensité. »[12]

En dehors de ces plans gouvernementaux, il existe d’autres projets en matière de nutrition. Le projet TAMBATRA en février 2019 [13]en est un exemple ; ce projet a pour objectif de renforcer les acticités de prévention de la malnutrition chez les enfants moins de 5 ans. Autre exemple le projet MIARO[14] visant à réduire la malnutrition chronique chez les enfants moins de 2 ans de Aout 2014 à décembre 2015. Il y également le projet AINA [15]ou « Actions Intégrées en Nutrition et Alimentation » en Avril 2013 qui avait comme objectif d’accélérer l’atteinte des OMD précisément du premier objectif.

En 2000, un partenariat a été fait entre la Banque Mondiale et Madagascar, le projet CRESAN 2 ou second projet d’amélioration du secteur de la Santé avait pour objectif secondaire de soutenir  les programmes de santé prioritaire entre autre sur la nutrition.

Au vu de cette pluralité de projets sur la nutrition, des efforts ont été réalisé et la malnutrition semble diminuer. Cependant des remises en question sont de rigueur : Qu’en-est-il de l’effectivité et l’efficacité des projets antérieurs notamment les PNAN I et II ? L’effectivité et l’efficacité des projets des Organismes Non gouvernementaux sur la nutrition ? Existe-t-il des suivi et évaluation des projets en cours ou terminés ? Les projets ont-ils satisfaits les besoins nutritionnels de la population ciblée ?

Au vue des questions précédentes, les solutions ou les mesures à prendre sont d’abord d’ordre évaluatif et informatif: Mesurer et constater les efforts fournis et voir les lacunes des projets.

Ensuite il faudrait orienter le domaine d’intervention car une bonne nutrition est composé d’une bonne alimentation et d’exercice physique d’autre part une bonne nutrition est soutenue ou accompagnée d’une bonne hydratation ou d’accès à l’eau potable. Enfin les mesures doivent être prévisionnelles sur les projets à Long Terme.

Le Multi-Sectoral Nutrition Action Plan 2018-2025 : La solution du BAD sur la nutrition et la malnutrition

Le Multi-Sectoral Nutrition Action Plan ou MSNAP établit par le BAD admet que pour déverrouiller le potentiel humain et économique de l’Afrique : il faut une bonne matière grise comme infrastructure ou « Grey Matter Infrastructure » Cette bonne matière grise n’est quant à elle obtenue que par une bonne nutrition d’où l’objectif du MSNAP à savoir la réduction de la malnutrition et l’amélioration de la nutrition en Afrique.  Cette réduction et amélioration ne se réaliseront que grâce à la création d’une banque nutritionnelle (« Banking on nutrition »)

Selon le MSNAP, la nutrition est liée 5 priorités de la BAD entre autre : la réduction de la Faim  ou nourrir la population africaine (Feed AFRICA), l’amélioration de la qualité de la vie pour les peuples de l’Afrique, l’électricité et les énergies, l’industrialisation et l’intégration en Afrique.

Cette banque nutritionnel a trois approches : Faire de la nutrition un courant dominant dans le portefeuille de la banque, Augmenter la production et la consommation de nourritures nutritives et sans danger ; Encourager les autres pays membres régionaux à prioriser la nutrition à travers des requêtes ou des investissements.

Ainsi selon le Président de la BAD : ce qui contribue le plus à la croissance économique est non pas les infrastructures physiques  mais l’intelligence ou le « brainpower »  ensuite qu’il est temps de terminer le fléau de la malnutrition ensemble ; les preuves nous accablent et il faut agir et agir  maintenant. De ce fait, la nutrition a occupe une place importante en Afrique et liées à de nombreux domaines et possède de nombreux impacts sur différents  plans.

La nutrition est un élément indispensable pour la vie humaine, la malnutrition quant à elle un fait réel présent à Madagascar depuis des décennies. Le cas de la malnutrition des enfants est un sujet important à aborder car ses effets sont plus néfastes chez les enfants et plus visibles lors de l’enfance dont les conséquences sur le long terme sont nombreuses : Retard de développement, émaciation, insuffisance pondérale, surpoids,… Grâce aux MAP, PND et l’IEM de nombreux projets  comme le PNAN ont vu le jour pour lutter contre la malnutrition et des  progrès ont été faits dans le domaine de la nutrition.

La solution du BAD à travers son concept de « Grey Matter Infrastructure » traduit comme la puissance de la matière grise  comme une infrastructure résultant d’une nutrition saine et sans danger semble une solution pour une croissance économique et la réduction de la malnutrition.

Si d’autres projets sont faits dans ce domaine, il est probable que l’ODD : « la faim zéro » soit atteint en 2030.

[1] https://www.who.int/topics/nutrition/fr/

[2] https://www.who.int/features/qa/malnutrition/fr

[3] https://www.who.int/features/qa/malnutrition/fr

[4] https://www.who.int/features/qa/malnutrition/fr

[5]UNICEF, Rapport sur la nutrition mondiale 2018

[6] https://www.afdb.org/fr/news-and-events

[7]BAD, « Multi-Sectoral Nutrition Action Plan 2018-2025 »

[8] http://www.midi-madagasikara.mg/societe/2020/02/10/combat-contre-la-malnutrition-andry-rajoelina-sacre-champion-par-le-president-de-la-bad/

[9]INSTAT, Enquête à Indicateurs Multiples MICS 2000

[10] https://www.mg.undp.org/content/madagascar/fr/home/sustainable-development-goals/goal-2-zero-hunger.html

[11]PNUD, MEP «  Rapport national de la priorisation des Objectifs de développement Durable Madagascar » 2018

[12] https://www.office-nutrition.mg/pr%C3%A9sentation/entite/64

[13] https://www.avsf.org/fr/posts/2319/full/lutte-contre-la-malnutrition-infantile-sur-les-hauts-plateaux-malgaches

[14] http://www.midi-madagasikara.mg/societe/2017/06/06/nutrition-et-sante-maternelle-sept-millions-de-dollars-a-mobiliser-pour-le-projet-miaro/

[15]FAO, Projet AINA, Avril 2013

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