La déforestation est le phénomène de réduction de la forêt. Techniquement parlant, on parle de déforestation lorsque les surfaces des forêts sont définitivement perdues au moins sur le long terme[1]. Selon la World Wildlife Fund ou WWF, 80% des futures activités de déforestation se produiront dans les pays tropicaux. [2]

Selon toujours la WWF, si aucune action n’est réalisé pour infléchir cette tendance plus de 170 millions d’hectares de forêt disparaîtront en 2030 ; de ce fait environ 230 millions d’hectares de forêt seront perdues en 2050 d’où l’urgence de la situation[3]. Selon Global Forest Watch le monde a perdu en 2018, 12 millions d’hectares de forêts tropicales, dont 3,64 millions de forêts tropicales primaires soit l’équivalent de la Belgique.[4]

Pour Madagascar, la déforestation est un fait réel et un problème persistant depuis des années. Selon Global Forest Watch, Entre 2001 et 2019 Madagascar a perdu 3,89 millions d’hectares de couverture forestière dont 3,6% est du à la déforestation. [5]

Lors de ces 60 dernières années, Madagascar a connu une disparition et fragmentation de sa forêt avec une diminution de 44% de sa couverture forestière. Il est temps d’analyser ce phénomène touchant Madagascar depuis ces dernières années.[6]

La déforestation à Madagascar, Etat des lieux, Historiques et statistiques

En 1990, Madagascar possède 10,762 millions d’hectares de couverture forestière. Cependant en 2000, cette couverture forestière est réduite à 9,879 de millions d’ha. Le taux annuel de déforestation était de 0,8%. En 2005, la couverture forestière a été de 9,673 de mha ; la déforestation a été réduite lors de cette période. [7]

Le Madagascar Action Plan ou MAP de 2005 du Président RAVALOMANANA constate cette réduction de la déforestation et souhaite la maintenir. Entre 2005-2010, le taux de déforestation a été entre 0,4% et 0,5%.

Cependant suite aux événements de 2009, il est possible que le taux de déforestation ait augmenté. Finalement, la couverture forestière en 2010 aura été de 9,320 mha. [8]

Le Plan National Développement ou PND de 2013 du Président RAJAONARIMAMPIANA constate la baisse du taux annuel de déforestation par rapport aux années 2000, 2005 et 2010 mais évoque la diminution progressive des ressources naturelles en quantité et qualité.  La couverture forestière en 2015 sera réduite à 8,770ha donc une grande  diminution.[9]

L’initiative pour l’Emergence pour Madagascar ou IEM du Président Rajoelina discute des moyens pour pallier à la déforestation à travers une gestion durable et une conservation des ressources naturelles.

Les causes de la déforestation et ses effets

Selon Nanie Ratsifandrihamanana, Directeur Pays de WWF Madagascar depuis mai 2014 : « La déforestation n’est pas juste un problème de conservation. Il s’agit d’un problème économique et social » [10]La déforestation est d’une part causée par le développement agricole d’un territoire pour la subsistance d’une population. Et d’autres parts la déforestation est nécessaire pour la production du bois. Le bois est utilisé en tant de matière énergétique ou matière de chauffage.

Selon Food and Agriculture and Organisation ou FAO dans « State of the World’s forest » en 2016, environ 7 mha de forêt sont perdues entre 2000 et 2010 dans le monde en contrepartie 6 mha de terrain sont devenus agricole par an. Ce rapport énonce que 40% de la déforestation est réalisé dans les pays tropicaux et subtropicaux ; 33% de la déforestation est du à la l’agriculture local de subsistance : 10% pour les infrastructures, 10% pour l’expansion urbaine enfin 7% de la déforestation est du aux activités minières[11].

Selon toujours le rapport de la FAO cité précédemment, Madagascar  fait partie des pays africains ayant recours à la déforestation pour le développement agricole. Cependant d’autres causes entrainent la déforestation comme par exemple la dépendance de la population malgache aux bois comme matériaux énergétiques.

En effet environ 97% de la population malgache utilise le bois comme énergie comestible en 2018 cela implique que la consommation en bois avoisine 18 millions de m3 par ans dans la grande ile[12]. La déforestation est également causée par le marketing des bois précieux à Madagascar.

En effet de nombreux bois précieux existent à Madagascar comme le bois de rose, l’ébène et le palissandre. Et leur prix au niveau international est assez élevé ; le prix du kilo de l’ébène se trouve entre 10 Euros à 15 Euros[13] ; le prix de bois de rose au kilo est de 5 à 25$[14] ; enfin le prix du palissandre est aux alentours de 5 Euro le Kilo[15].

En dehors de cela, la pauvreté est une cause indirecte de la déforestation. Car à cause de la pauvreté, la population n’a pas les moyens de subsistance d’où l’utilisation de la déforestation pour le développement agricole ; ensuite la pauvreté ne permet pas à la population d’utiliser le bois comme énergie comestible car les autres énergies renouvelables ne leur sont pas accessible financièrement.

La déforestation entraine de nombreux effets surtout dans le domaine environnemental : la déforestation entraine la destruction de l’environnement et la réduction des ressources naturelles surtout forestières. D’autres parts, elle met en danger l’habitat naturel des espèces endémiques ou non et leur survie de ce fait elle empêche la préservation de la biodiversité et peut même entrainer l’extinction de certaines espèces animales ou végétales. La déforestation accentue le réchauffement climatique mondial et les effets de serre et donc augmentent les catastrophes naturelles. [16]

Les projets gouvernementaux ou non gouvernementaux sur la lutte contre la déforestation

Compte tenu de l’évolution de la déforestation et la dégradation de l’environnement, la déforestation est tenu compte dans les divers plans nationaux de développement et une lutte contre la déforestation a été entamée à travers ces divers plans.

Pour lutter contre la déforestation, le MAP de 2005 a comme défi N°2 : Réduire le processus de dégradation des ressources naturelles.

Ainsi le MAP a prévu d’augmenter le nombre de surface reboisés de 360.000Ha en 2005 à 540.000Ha en 2012, d’autre part il a également prévu d’augmenter le nombre de plans durables développés de 8 en 2005 à 219 en 2012.

Le PND évoque la déforestation et prévoit en général de protéger, conserver et valoriser durablement le capital naturel et les écosystèmes à travers la réduction significative de la population ; la lutte contre le trafic et l’exploitation irrationnelles des ressources naturelles ; l’augmentation de la surface reboisée de 5000 à 35000ha et réduire le taux de  surfaces incendiées à 25%.

La Politique Générale de l’Etat actuel donc de l’IEM a prévu la gestion durable et la conservation de nos ressources naturelles dont l’objectif est de reboiser et de couvrir  40.000ha de surface par an à travers la mobilisation de 6 millions d’individus entre autre des élèves, étudiants et militaire. Le recours à de nouvelles technologies de reforestation à grande échelle devrait être fait.

En matière environnemental, l’action gouvernementale prépondérante est le Plan National d’Action Environnemental ou le PNAE. Entre 1991 et 1996 a été crée le Plan Environnemental I ayant pour but d’asseoir un cadre institutionnel et de mettre les activités prioritaire sur  l’environnement. Ce programme sera suivi du Programme Environnemental II de 1997 à 2001 ayant pour mission de développer l’approche régionale et locale de la conservation et l’utilisation de la biodiversité et des ressources naturelles. Ensuite le Programme environnemental III à partir de 2002 se manifestant par la prise en main des différents acteurs des procédures et de la gestion même de l’environnement.[17]

A part le PNAE, le gouvernement a été établi de nombreuses politiques forestières et de stratégies pour lutter contre la déforestation.

C’est le cas de la politique forestière en mai 2017 ou la stratégie nationale d’approvisionnement en bois énergie ou Snabe en 2013 ou bien la stratégie nationale sur la restauration des paysages forestiers et des infrastructures vertes en mai 2017.

En dehors de ces programmes gouvernementaux relatifs à l’environnement, il existe de nombreuses actions des Organisations Non Gouvernementales ou ONG sur la lutte de la déforestation. Par exemple, l’ONG Graine de vie avec son  projet de conservation et de reboisement de la mangrove en Août 2020 dernier[18].

Depuis 2011, l’organisation Léa Nature finance la reforestation de à Madagascar dont 231 300 Arbres à travers 4 ONG : ONG Homme et l’Environnement, ONG AMADA, Cœur de forêt et Reboiser à Madagascar. [19]

En 2013, l’Agence Française de Développement ou AFD a crée un Projet Holistique  de Conservation des Forêts ou PHCF ayant pour but d’endiguer la déforestation et à assurer l’avenir de la population locale qui est une suite du même projet de 2008.

Il y a également un Projet MAMIA en 2007 pour l’étude et la conservation des forêts de Manompana dans la région d’Analanjirofo.

Constat, Solutions et conclusion

Compte tenu de notre analyse, la déforestation est un phénomène accablant Madagascar de nombreuses années. Causée surtout par la pauvreté, le manque de subsistance de la population, le développement agricole et le trafic des bois précieux et l’utilisation du bois comme énergie comestible; la déforestation semble difficile a éradiquer.

Cependant la déforestation entraine des effets titanesques sur l’environnement : Mise en danger de la faune et flore endémiques ou non et de la biodiversité, destruction de leur milieu naturel réduisant leur chance de survie. La déforestation entraine également la réduction et la destruction des ressources naturelles des générations futures et donc leur environnement futur et par effet leur survie et leur moyen de subsistance.

Enfin la déforestation accentue le réchauffement climatique et ses effets pouvant créer des catastrophes naturelles. De ce fait si rien ne change de nombreuses catastrophes affecteront Madagascar que ce soit sur le long terme ou le moyen terme.

Il faut par contre souligner que de nombreux efforts ont été réalisés pour réduire la déforestation.  Que ce soit sur le plan théorique et réglementaire : la création de la charte de l’environnement ou du code forestier ou les actions gouvernementales ou non gouvernementales pour la reforestation que ce soit à travers les plans gouvernementaux ou  le reboisement.

Il faut signaler que des lacunes existent à travers ces actions. Le manque de suivi et d’évaluation des projets environnementaux ou forestiers est prépondérant. Qu’en-est il des arbres ou jeunes plants plantés ont-ils les éléments et les matériaux nécessaires pour leur développement et leur croissance ? Existe-t-il des plants qui ont été détruites par les aléas du climat ? En dehors de cela, les aires reboisées remplacent-elles totalement ou partiellement les aires détruites par la déforestation ?

Ainsi la solution évidente est la mise en place d’un suivi et d’une évaluation des projets environnementaux et forestiers. Mais surtout s’attaquer au problème entrainant la déforestation donc la pauvreté et le moyen de subsistance de la population.

Car si la population a les moyens de subsistances, il ne sera plus nécessaire d’utiliser la déforestation pour le développement agricole.

Si la population a les moyens financiers d’opter pour les énergies renouvelables, il est possible qu’il ne soit plus dépendant envers les énergies fossiles donc réduire significativement la consommation du bois comme énergie fossile.

RANDRIANARISOA Tsiory / REFESIMANDIDY


[1] https://youmatter.world/

[2] https://www.wwf.fr

[3] https://www.wwf.fr/

[4] https://www.naturevolution.org/

[5] https://www.naturevolution.org/

[6] https://www.cirad.fr/actualites

[7] Vieilledent G., C. Grinand, F. A. Rakotomalala, R. Ranaivosoa, J.-R. Rakotoarijaona, T. F. Allnutt, and F. Achard. 2018

[8] Vieilledent G., C. Grinand, F. A. Rakotomalala, R. Ranaivosoa, J.-R. Rakotoarijaona, T. F. Allnutt, and F. Achard. 2018

[9] Vieilledent G., C. Grinand, F. A. Rakotomalala, R. Ranaivosoa, J.-R. Rakotoarijaona, T. F. Allnutt, and F. Achard. 2018

[10] https://www.wwf.mg/

[11] FAO « State of the world » 2016

[12] https://www.newsmada.com

[13] http://sculpture.forumactif.com/t4058-ebene

[14] https://www.jeuneafrique.com/26913/economie/madagascar-bois-de-rose-un-stock-pineux/

[15] https://www.espaceagro.com/bois-fibre-focile/palissandre-de-madagascar

[16] https://youmatter.world/fr

[17] http://mg.chm-cbd.net/implementation/politique-nationale-de-lenvironnement

[18] https://grainedevie.org/fr/

[19] https://leanature.com/

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